J'ai embrassé un flic

(Renaud Séchan / Michaël Ohayon)

Nous étions des millions
Entre République et Nation
Protestants et catholiques
Musulmans, juifs et laïcs
Sous le regard bienveillant
De quelques milliers de flics
Solidaires avec ceux de Charlie

Et puis j’ai vu défiler
Quelques bandits notoires
Présidents, sous ministres
Et petits rois sans gloire
Et j’ai vu, et j’ai vu
Le long du trottoir un flic
Qui avait l’air sympathique

Alors je l’ai approché
Et j’ai embrassé un flic

J’ai embrassé un flic
Entre Nation et République
J’ai embrassé un flic
Ça change des coups de triques
J’aurais pas cru y’a trente ans
Qu’au lieu de leur balancer
Des pavés à tour de bras
J’en serrerais un contre moi
Car je me suis approché
Oui je me suis approché
Et j’ai embrassé un flic

Nous marchions vers la Nation
Fraternels et pacifiques
Sous le regard bienveillant
De quelques milliers de flics
Et les snipers sur les toits
Nous faisaient avec leur bras
De grands signes d’amitié
Et de solidarité
Alors pour les remercier
Et pour la première fois
De ma vie d’anarchiste
J’suis allé embrasser un flic

Oui je me suis approché
Et j’ai embrassé un flic
(x4)

Les Mots

(Renaud Séchan / Renan Luce)

C’est pas donné aux animaux
Pas non plus au premier blaireau
Mais quand ça vous colle à la peau
Putain qu’est-ce-que ça vous tient chaud
Écrire et faire vivre les mots
Sur la feuille et son blanc manteau
Ça vous rend libre comme l’oiseau
Ça vous libère de tous les maux,
Ça vous libère de tous les maux

C’est un don du ciel, une grâce
Qui rend la vie moins dégueulasse
Qui vous assigne une place
Plus près des anges que des angoisses

Poèmes, chansons, brûlots
Vous ouvrent des mondes plus beaux
Des horizons toujours nouveaux
Qui vous éloignent des troupeaux
Et il suffit de quelques mots
Pour toucher le cœur des marmots
Pour apaiser les longs sanglots
Quand votre vie part à vau l’eau,
Quand votre vie part à vau l’eau

C’est un don du ciel, une grâce
Qui rend la vie moins dégueulasse
Qui vous assigne une place
Plus près des anges que des angoisses

Les poèmes d’un Léautaud
Ceux d’un Brassens, d’un Nougaro
La plume d’un Victor Hugo
Eclairent ma vie comme un flambeau
Alors gloire à ces héros
Qui par la magie d’un stylo
Et parce qu’ils font vivre les mots
Emmènent mon esprit vers le haut,
Emmènent mon esprit vers le haut

C’est un don du ciel, une grâce
Qui rend la vie moins dégueulasse
Qui vous assigne une place
Plus près des anges que des angoisses
Qui vous assigne une place
Plus près des anges que des angoisses

Toujours Debout

(Renaud Séchan / Michaël Ohayon)

Toujours vivant, rassurez-vous
Toujours la banane, toujours debout
J'suis retapé, remis sur pieds
Droit sur mes guibolles, ressuscité
Tous ceux qui tombent autour de moi
C'est l'hécatombe, c'est Guernica
Tous ceux qui tombent, tombent à tour de bras
Et moi je suis toujours là
Toujours vivant, rassurez-vous
Toujours la banane, toujours debout
Il est pas né, ou mal barré
Le crétin qui voudra m'enterrer
Je fais plus les télés, j'ai même pas internet
Arrêté de parler aux radios, aux gazettes
Ils m'ont cru disparu, on me croit oublié
Dites à ces trous du cul, j'continue d'chanter
Et puis tous ces chasseurs de prime
Paparazzis en embuscade
Qui me dépriment, et qui n'impriment
Que des ragots, que des salades
Toutes ces rumeurs sur ma santé
On va pas en faire une affaire
Et que celui qui n'a jamais titubé
Me jette la première bière
Toujours vivant, rassurez-vous
Toujours la banane, toujours debout
Il est pas né, ou mal barré
L'idiot qui voudrait me remplacer
Je dois tout'l'temps faire gaffe
Derrière chaque buisson
A tous ces photographes
Qui vous prennent pour des cons
Ceux là m'ont enterré, un peu prématuré
Dites à ces enfoirés, j'continue d'chanter
Mais je n'vous ai jamais oubliés
Et pour ceux à qui j'ai manqué
Vous les fidèles, je reviens vous dire merci
Vous m'avez manqué vous aussi
Trop content de vous retrouver
Je veux continuer nom de nom
Continuer à écrire et à chanter
Chanter pour tous les sauvageons
Toujours vivant, rassurez-vous
Toujours la banane, toujours debout
Il est pas né, ou mal barré
Le couillon qui voudra m'enterrer
Depuis quelques années, je me suis éloigné
Je vis près des lavandes, sous les oliviers
Ils m'ont cru disparu, on me croit oublié
Ces trous du cul peuvent continuer d'baver
Moi sur mon p'tit chemin, j'continue d'chanter

Héloïse

(Renaud Séchan / Michaël Ohayon)

Tiens-moi bien la main Héloïse
Tiens bien celle de ta mère aussi
Chose due, chose promise
Tu voulais Venise, la voici
Sur la lagune aux eaux si grises
Une escapade improvisée
Nous sommes partis sans valise
Certains diront qu’on s’est sauvés

Dans cette ville banquise
Résonnent nos pas
Y’a des cités qui s’amenuisent
Mais l’amour pas

Et dans le jour qui s’éternise
On se croirait au Carnaval
Moi le Pierrot, vous les marquises
Vous si belles et moi si pâle
La source à laquelle je puise
Et qui jamais ne se tarit
Coule à vos lèvres cerise
Quand l’une chante et l’autre rit

Dans cette ville banquise
Résonnent nos pas
Y’a des cités qui s’amenuisent
Mais l’amour pas

Tiens-moi bien la main Héloïse
Serre-la aussi fort que tu peux
Est-ce que comme moi tu réalises
Ce qui se joue devant nos yeux
Il y a ces choses qui s’enlisent
Et celles qui éternellement
Tiendront comme tu tiens Héloïse
Ma main et celle de ta maman

Dans cette ville banquise
Résonnent nos pas
Y’a des cités qui s’amenuisent
Mais l’amour pas
(x2)

La nuit en taule

(Renaud Séchan / Renan Luce)

Dans un bled à la con
Où j’faisais vacancier
En pays carrément étranger
Un soir que j’roulais fin-rond
Sur un scooter japonais
Les poulets m’ont épinglé
Garez-vous sur l’côté
Montrez-nous vos papiers
Et soufflez dans l’ ballon s’il-vous-plaît
J’étais tellement fracassé
Qu’ zont décidé d’m’embarquer
Visiter l’pénitencier

J’ai passé la nuit en taule
Et pis la journée aussi
Y’a des choses franchement plus drôles
À moins qu’vous aimiez l’ennui...

Assis le cul par terre
J’ai vécu Midnight Express
La solitude, la détresse
Tu r’penses à toutes les galères
Qui font qu’la vie a du bon
Dans 3 mètres carrés d’béton

J’ai passé la nuit en taule
La journée aussi, hélas
C’est pas vraiment rock’n’roll
À moins que vous aimiez la crasse

Pour y r’tourner plusieurs fois
Y’en a qui doivent aimer ça
Moi j’vous jure qu’ça m’a suffit
Même si mon amour s’en va
Même si tout est moche parfois
On est mieux dans la vraie vie

J’ai passé la nuit en taule
Et puis la journée encore
Ça fout pas vraiment la gaule
À moins que vous aimiez la mort

Faudrait toujours traverser
Au feu rouge et dans les clous
Pour éviter les poulets et le gnouf
Faudrait suivre le droit chemin
Faudrait pas trop faire le malin
Se dire que la liberté c’est bien

Dans un bled à la con
Où j’faisais vacancier
Dans un pays carrément étranger
J’ai passé la nuit en taule
J’ai passé la nuit en taule…

Petit Bonhomme

(Renaud Séchan / Jean-Pierre Bucolo)

C’est pour toi que je fredonne
Cette petite chanson chiffonne
Cette chanson qui te couronne
Même si elle est bien monotone

C’est pour toi que je frissonne
C’est pour moi que tu ronronnes
Été hiver ou automne
Près de toi je m’abandonne

Mon ange, petit bonhomme
Sans toi je ne suis plus personne

C’est pour toi que je fredonne
Cette petite chanson mignonne
Si tu n’aimes pas tu me pardonnes
Mon petit roi sans couronne

Malone, j’aimerais que tu me donnes
Un grand amour qui résonne
En voyelles comme en consonnes
Un grand amour comme personne

Mon ange, petit bonhomme
Sans toi je ne suis plus personne

Mon ange, petit bonhomme
Sans toi je ne suis plus personne

C’est pour toi que je fredonne
Cette petite chanson chiffonne
Mon ange mon petit bonhomme
Sans toi je ne suis plus personne
Sans toi je ne suis plus personne

Hyper Cacher

(Renaud Séchan / Michaël Ohayon)

C’était un petit endroit pépère
Tout près du métro Saint-Mandé
Qui vendait des produits cacher
Pour les habitants du quartier

Un individu cagoulé
Suintant la haine de tous les pores
Armé comme un fourgon blindé
Est venu pour semer la mort

Soudain au magasin cacher
Ce fut l’enfer
Ce fut l’enfer...

Il a tiré à tour de bras
Avec de la haine plein les yeux
Sur tout ce qui portait kippa
Sur les enfants, sur les p’tits vieux

Certains pleuraient les bras en l’air
D’autres se cachaient où ils pouvaient
Le sang glacé, c’était la guerre
Tout près du métro Saint-Mandé

Et dans le magasin cacher
C’était l’enfer
C’était l’enfer

Mais quelle est cette époque immonde
Nous avons perdu l’essentiel
Avec de la peur plein le monde
Avec de la haine plein le ciel

Qu’ils reposent à Jérusalem
Sur la terre de leurs pères
Au soleil d’Israël

Je veux leur dédier ce poème
Leur dire qu’ils nous sont chers
Qu’on n’oubliera jamais
Qu’on n’oubliera jamais

Mulholland Drive

(Renaud Séchan / Michaël Ohayon)

La Cadillac Eldorado
La dépasse au coin de la rue
À son volant un chicano
Qui ignore son pouce tendu
Derrière ses Ray-Ban miroir
Il ne fixe que le bitume
La laissant seule sur son trottoir
Dans ce petit matin de brume
Elle remonte alors doucement
La route qui suit le canyon
Qui ondule comme un serpent
Sous la tiédeur de l’automne
Ce soir peut-être ou bien demain
Elle aura atteint l’océan
Et la douceur des lendemains
Pour illuminer ses vingt ans

Mais pour le moment tout va bien,
Rien n’est compliqué, rien n’est grave
Sur Mulholland Drive

Elle a déserté à l’aurore
La maison au bout de la ville
Ses parents qui dormaient encore
Du sommeil des gens tranquilles
Elle ne verra plus son frangin,
Écroulé sur le canapé
Avec sa Budweiser dans la main,
Son regard si souvent mauvais
N’entendra plus hurler le chien,
Ni les plaintes de sa maman
Ni les sermons bien trop chrétiens
De son vieux père aux cheveux blancs
Elle abandonne sans regret
Ce monde d’infinie tristesse
Elle a balayé ses projets,
Veut vivre sans collier sans laisse

Mais pour le moment tout va bien,
Rien n’est compliqué, rien n’est grave
Sur Mulholland Drive

Elle a son livre de Kerouac
Et une photo de James Dean
Ses fringues sont un peu en vrac,
Quelques tee-shirts et quelques jeans
Elle marche dans le soleil
Qui arrive sur les collines
Et son walkman sur les oreilles
Lui joue la chanson Imagine
Et si une voiture la prend,
Elle dira je vais n’importe où
Roulez toujours, suivez le vent,
Ma liberté est tout au bout

Mais pour le moment tout va bien,
Rien n’est compliqué rien n’est grave
Sur Mulholland Drive
Pour le moment tout va bien,
Rien n’est compliqué rien n’est grave
Mais pour le moment tout va bien,
Rien n’est compliqué rien n’est grave
Sur Mulholland Drive

La Vie Est Moche Et C'Est Trop Court

(Renaud Séchan / Michaël Ohayon)

La vie est moche et c’est trop court
A peine le temps d’être malheureux
Tu pleures plus souvent qu’à ton tour
Tu te retournes et puis t’es vieux

Tu vis ton enfance trop vite
Quelquefois douce quelquefois terne
Bientôt la société t’invite
A intégrer une caserne

Tu pleures ton paradis perdu
L’enfance à jamais envolée
Que tu ne vivras jamais plus
Que tu vois chaque jour s’éloigner

Petite chanson désabusée
Un peu triste pardonnez-moi
Tu ne sais pas toujours pourquoi
Le désespoir tombe sur toi

A 20 ans tu cherches l’amour
Si tu le trouves tant mieux pour toi
Tu voudrais qu’il dure toujours
Mais un jour ou l’autre il s’en va

Alors tu te retrouves seul
Et tu te détruis quelques fois
Tu ne penses plus qu’à ta gueule
Qui devient vite gueule de bois

Alors tu te laisses sombrer
Dans des abîmes anisés
Tu vois tes amis s’en aller
Le plus souvent bien avant l’heure

La vie est moche et c’est trop court
A peine le temps d’être malheureux
Tu pleures plus souvent qu’à ton tour
Tu te retournes et puis t’es vieux

Tu te dis je porte la poisse
A ceux que j’admirais le plus
La vie est vraiment dégueulasse
Ciao Desproges, Brassens, Coluche

Tu te lèves à pas d’heure cassé
Et tu as mal ici et là
Dans ton miroir tu vois gravés
Sur ton visage les dégâts

Que la vie cruelle et sauvage
Et les jours les années passés
Ont infligé à ton image
Que tu ne peux plus regarder

La vie est moche et c’est trop court
A peine le temps d’être malheureux
Tu pleures plus souvent qu’à ton tour
Tu te retournes et puis t’es vieux
Tu pleures plus souvent qu’à ton tour
Tu te retournes et puis t’es vieux

Mon Anniv

(Renaud Séchan / Michaël Ohayon)

Depuis que je suis né c’est chaque année, et c’est reparti
Les bougies les cadeaux et les textos, les gâteaux aussi,
Ça fait plus de 60 ans que je me cogne chaque année
Cette soirée, fête païenne et familiale aussi

Jamais pu blairer, jamais pu saquer les anniversaires
Chaque année un an de plus, un de plus
Jamais pu blairer, jamais supporté les anniversaires
Et c’est ma vie qui s’enfuit
Ces journées qui passent me rapprochent un peu
D’une vie qui s’efface
Chaque année un an de plus, un de plus
Chaque jour qui va, chaque jour qui passe, chaque jour qui part
C’t’un peu ma vie qui s’enfuit, qui s’enfuit…

Les flonflons, les bisous et les bonbons, les paroles en l’air
Je te serre, tu m’embrasses et nous chantons “bon anniversaire”
Moi qui rêvait de rester un enfant toute la vie
Un jour qui va, un jour qui passe, c’est ma vie qui s’enfuit

Jamais pu blairer, jamais pu saquer les anniversaires
Chaque année un an de plus, un de plus
Jamais pu blairer, jamais supporté les anniversaires
Et c’est ma vie qui s’enfuit
Le temps qui s’en va passe bien trop vite
pour vous comme pour moi
Chaque année un an de plus, un de plus,
Bon anniversaire, beaucoup de bonheur jusqu’à l’an prochain
Quand je serai encore plus vieux

J’en veux bien un par an,
Mais pas avant cent ans !

Jamais pu blairer, jamais pu saquer les anniversaires
Chaque année un an de plus, un de plus
Jamais pu blairer, jamais supporté les anniversaires
Et c’est ma vie qui s’enfuit
Jamais pu blairer, jamais pu saquer les anniversaires
Chaque année un an de plus, un de plus
Jamais pu blairer, jamais supporté les anniversaires
Et c’est ma vie qui s’enfuit
Jamais pu blairer, jamais pu saquer les anniversaires
Bon anniversaire, beaucoup de bonheur
jusqu’à l’an prochain
Quand je serai encore plus vieux
Jamais pu blairer, jamais pu saquer les anniversaires
Jamais pu blairer, jamais pu saquer les anniversaires
Jamais pu blairer, jamais supporté les anniversaires

Dylan

(Renaud Séchan / Alain Lanty)

Je sais que ton père était fan
D’un certain Robert Zimmermann
D’où ce prénom de gentleman
Dylan

Ne sera plus écrit demain
Que sur le marbre du chagrin
Dans un cimetière parisien
Pas loin

Sera évoqué dans les larmes
Dans la douleur qui accompagne
Les souvenirs en filigrane
Des tiens

Dylan, Dylan
Little boy, little man
Dylan
Little boy, little man

Bien sûr tu te croyais adulte
Et bien sûr tu vouais un culte
À la révolte et au tumulte
Des rues

Mais je sais, comme tes parents
Que même si tu te croyais grand
Tu n’étais qu’un petit enfant
Perdu

Dylan, Dylan
Little boy, little man
Dylan
Little boy, little man
(*2)

Sur une route de campagne
Au sortir d’une boîte infâme
La mort t’attendait au platane
De face

Toi, tes copains et ta compagne
N’aviez pas bu que des tisanes
Et pas fumé que des Gitanes
Hélas

Dylan, Dylan
Little boy, little man
Dylan
Little boy, little man

Seize ans, dix-sept ans, peu importe
Lorsque la faucheuse t’emporte
Pour t’ouvrir la Sublime Porte
En grand

Pour ta famille et pour tes potes
Nulle chanson ne réconforte
Les âmes devenues feuilles mortes
Au vent

Dylan, Dylan
Little boy, little man
Dylan
Little boy, little man

Dylan, Dylan
Little boy, little man
Dylan
Little boy, little man

Je sais que ton père était fan
D’un certain Robert Zimmermann
D’où ce prénom de gentleman
Dylan

Dylan

Petite Fille Slave

(Renaud Séchan / Renan Luce)

Tu as quitté Bucarest
Ou Prague ou Varsovie
Pour t’en venir à l’Ouest
Dans les rues de Paris

Arpenter les trottoirs
de la périphérie
Où pour quelques dollars
Tu saccages ta vie

Tu as quitté Moscou
Ou les rues de Sofia
Pour finir tout au bout
D’un boulevard sans joie

Dans une nuit trop noire
Sous la pluie, dans le froid
Où tu t’offres aux regards
Où tu ouvres tes bras

Petite fille Slave
Petite fille esclave
Tu te donnes, tu te vends
Plus tu donnes moins tu prends
Tu reviendras un jour chez toi

Tu as quitté l’Ukraine
Peut-être la Géorgie
Pour vivre une autre peine
Autre misère aussi

Soumise à des maffieux
Intouchables, protégés
Qui te crèveront les yeux
Si tu veux t’en aller

Petite fille Slave
Petite fille esclave
Tu te donnes, tu te vends
Plus tu donnes moins tu prends
Tu reviendras un jour chez toi

Tu as quitté Vilnius
Ou Kiev ou Tbilissi
Pour gagner un peu plus
Mais pour te perdre aussi

Sur ces trottoirs blêmes
Où pour quelques tordus
Tu fais croire que tu aimes
Toi qui n’aimeras plus

Petite fille Slave
Petite fille esclave
Tu te donnes, tu te vends
Plus tu donnes moins tu prends
Tu reviendras un jour chez toi

Ta Batterie

(Renaud Séchan)

C'était ton anniversaire
Tu voulais une batterie
Une grosse caisse, une caisse claire
Tu voulais faire du bruit

Tu voulais faire du bruit
Pour faire chier tes voisins
Un peu ta mère aussi
La chahuter un brin

Tu voulais faire du bruit
Faire résonner tes toms
Pour bousculer la nuit
Et le ronron des hommes

Tu voulais faire du bruit
Comme j'en ai fait parfois
Ça m'a bouffé la vie
Fais gaffe à tes p'tits doigts

J'aimerais bien qu'un de ces jours
Mon enfant, mon garçon
Tes cymbales, tes tambours
Viennent rythmer mes chansons

Tape, tape, sur tes tambours
Tape Malone sur mon amour
Tape, tape la nuit le jour
Tape Malone sur mon amour

C'était ton anniversaire
Tu voulais une batterie
Une grosse caisse, une caisse claire
Tu voulais faire du bruit

Tu voulais faire du bruit
Que je t'entende, que je te voie
Mon amour, mon ami
Je n'entends plus que toi

Alors j'ai mis mon âme
Dans tout mon baratin
Pour que tes ta-ta-tam
Rejoignent mes tin-tin-tin

Tape sur tes tambours
Ce bruit il est pour moi
Oui tape comme un sourd
Il nous restera ça

Tape, tape, sur tes tambours
Tape Malone sur mon amour
Tape, tape la nuit le jour
Tape Malone sur mon amour

Moi je fais plus beaucoup de bruit
Tu l'as remarqué déjà
Oublie tous les vautours
Ton papa est bien là

Tape, tape, sur tes tambours
Tape Malone sur mon amour
Tape, tape la nuit le jour
Tape Malone sur mon amour

Tape, tape, sur tes tambours
Tape Malone sur mon amour
Tape, tape la nuit le jour
Tape Malone sur mon amour

Pour Karim, pour Fabien

(Renaud Séchan)

Pour Karim pour Fabien
Les détrousseurs de rimes
Défricheurs de quatrains
Sans dictionnaires de frime

Pour ces petits frangins
Déjà bien plus grands qu'moi
Qui m'enterreront demain
Si c'n'est pas fait déjà

J'voudrais offrir ce slam
Un peu ripou, bancal
Rigole pas ma p'tite dame
Sinon j'te slame une mandale

Ca s'ra mon tout premier
J'vous vois v'nir les tapettes
Pourvu qu'ce soit l'dernier
Vous vous dites en cachette!

Pour Fabien pour Karim
Et pout tous vos potos
J'ai torché ces pauvres rimes
Ce matin au bistrot

J'vais vous les balancer
A capella, vaut mieux
J'vais pas vous imposer
En plus ma zik de vieux

Ça s'ra pas un hommage
Plein d'clichés, d'lieux communs
Style "Putain j'ai la rage,
Vous écrivez trop bien"

Comme chuis un poil pudique
Je vais pas vous sucer,
Surtout pas en public,
On n'est pas chez Cauet...

Pour Karim pour Fabien
Qui parfois me citez
Au milieu d'quelques uns
Dont vous vous prétendez

Un p'tit peu les enfants
Ou voir les héritiers
J'voulais vous r'tourner l'compliment
De manière détournée

J'vais chercher la p'tite bête,
Dans vos slams, dans vos bouches
Même si j'adore vos textes,
J'aime enculer les mouches

Alors j'vous dirai que,
Malgré tout l'amour
Que j' ai pour vos couplets,
Ca manque un peu d'humour

Et malgré toute la passion
Que m'inspire votre vécu,
Ca manque un peu de nichons,
Ca manque un p'tit peu d'cul..!

Pour Fabien Pour Karim,
Porte-voix des cités
Quand j'analyse vos rimes,
J'me dis un peu "fais chier!"

Z'avez pas d'autres mots,
Qu'"périphérique" ou "keufs"
Pour décrire vos ghettos,
Parlez moi de vos meufs!

Au lieu de vous répandre
Sur des banlieues d'embrouille
Dîtes moi si vos femmes bandent
Quand elles pensent à vos couilles!

Plutôt qu'poétiser,
"Fraternité, marmots",
Dîtes nous quand vous niquez,
Si elles crient "Renaud!!"

Pour Karim pour Fabien,
Qui ont qu'le mot "police"
A longueur de quatrain
Quand j'attends "clitoris"

Qui disent "93"
Pour parler d'leur pays
Quand j'attends: "hé, ça baise
Comme des Dieux à Saint D'nis! "

Vous parlez de la lutte
Pour des vies moins tragiques
Mais jamais des turluttes
Derrière la basilique...

Des gamins qu'ont la frite,
D'leur exploits, D'leurs envies
Mais jamais des coups d'bites
Dont ils sont tous sortis!

Pour Fabien, pour Karim,
Quand l'premier rime en "sein"
Et le second en "pine"
Je vais conclure enfin

Sans rajouter d'couplets,
Sans l'hymne à la sodo
Sans les culs à bouffer
Qui manquent à vos brûlots

J'termine mon poème,
Mon slam un peu vulgos
Plein de mouille et de sperme
Qui n'choquera qu'les craignos

J'vous autorise quand même,
Si vous m'trouvez trop nul
Quand j'vous dis "Je vous aime",
A m'répondre "On t'encule"