(Renaud Séchan)
C'était à prévoir,
Je l'avais prédit ;
Encore l'abattoir,
Encore la tuerie.
Les flics rouillés
Depuis Mais dernier
Ressortent des cars
Avec leurs pétards.
Regardez, bourgeois,
Et la prochaine fois
Vous ne voterez pas !
Comble de malheur,
Nos petits pavés
Ne sont pas en fleur.
On les a noyés.
Sous le macadam
Ils sont engloutis,
Nous prendrons d'autr's armes,
Couteaux ou fusils.
Regardez, bourgeois,
Et la prochaine fois
Vous ne voterez pas !
Dans les bidonvilles
D'Aubervilliers,
Dans ceux de Belleville,
On en a assez.
De tous les cachots
Monte la colère,
Montent les impôts,
Baissent les salaires.
Regardez, bourgeois,
Et la prochaine fois
Vous ne voterez pas !
Les casernes dégueulent
Leurs soldats de bois,
Leurs soldats de plomb
Ou de je n'sais quoi.
Le sol est jonché
D'un sang rouge et noir
Qui vient arroser
Les pieds du pouvoir.
Regardez, bourgeois,
Et la prochaine fois
Vous ne voterez pas !
Le pays entier
Est paralysé,
Usines occupées,
Grève illimitée.
Les facs ne sont
Plus que des bastions
Où sont éduqués
Tous les enragés.
Regardez, bourgeois,
Et la prochaine fois
Vous ne voterez pas !
La révolte éclate,
Les grenades aussi.
Drapeaux écarlates
Partout sont brandis.
Guérilla urbaine,
On tire des toits.
Les lacrymogènes
Pètent çà et là.
Regardez, bourgeois,
Et la prochaine fois
Vous ne voterez pas !
Regardez, bourgeois,
Regarde, papa,
Pompidou est là !
(Renaud Séchan)
La grenade qu'un CRS m'a envoyée
L'autre soir au quartier m'a beaucoup fait pleurer,
j'ai rejoint en courant la place Edmond-Rostand,
y avait des flics partout, et pourtant j'en rosse tant !
Dans la semaine ils mettent leurs petits PV,
et le vendredi soir relancent nos pavés,
ces bourreaux, ces SS, qui nous filent des mornifles
et qu'on attaque sans peur à coups de canif !
Les flics ne cognent jamais de la même façon,
tout dépend de la fille, tout dépend du garçon,
moi je suis le polisson du centre Beaujon.
Là, j'ai connu un flic que l'on appelle Eugène,
car sa spécialité c'est la lacrymogène ;
je lui ai dit cent fois, arrête les crimes, Eugène !
Mes
amis, je n'les connais pas,
Mes amis sont ici où là.
Mes amis sont les exploités,
Tous ceux sur lesquels vous crachez,
Mes amis sont les ouvriers
Si
j'suis venu chanter ce soir,
Pendant que vous vous gobergez,
Si j'suis venu chanter trop tard
Peut-être pour que vous m'écoutiez,
C'est que j'veux pas que vous dormiez,
Et que vos rêves soient dorés,
Quand mon pays est enchaîné.
Mon
pays, je n'le connais pas,
Mon pays est ici où là.
Mon pays c'est un champ de blé
Où vous n'mettrez jamais les pieds,
Mon pays, c'est la liberté.
Si
j'suis venu chanter ce soir,
Pendant que vous vous gobergez,
Si j'suis venu chanter trop tard
Peut-être pour que vous m'écoutiez,
C'est que j'veux pas que vous dormiez,
Et que vos nuits soient sans danger
Quand mon amour se fait violer.
Mon
amour, je n'le connais pas,
Mon amour est ici où là.
Mon amour est emprisonnés,
Toujours trahi, souvent bafoué,
Mon amour s'est la vérité.
Si
j'suis venu chanter ce soir,
Pendant que vous gobergez,
Si j'suis venu chanter trop tard
Peut-être pour que vous m'écoutiez,
C'est que j'veux pas que vous dormiez,
C'est que j'voudrais vous voir crever
Quand le pouvoir sera jugé.
Le
pouvoir, je le connais bien,
Le pouvoir est entre vos mains,
C'est c'lui des flics et des curés
Sur qui je suis venu cracher,
Pour qui je suis venu chanter.
(Renaud Séchan)
Il s'app'lait
Ravachol, c'était un anarchiste
Qu'avait des idées folles, des idées terroristes.
Il fabriquait des bombes et les faisait sauter
Pour emmerder le monde, les bourgeois, les curés.
A la
porte des banques, dans les commissariats,
Ça f'sait un double-bang, j'aurais aimé voir ça.
Mais un jour il fut trahi par sa meilleure amie,
Livré à la police, la prétendue justice.
Au
cours de son procès, il déclara notamment
N'avoir tué aucun innocent,
Vu qu'il n'avait frappé que la bourgeoisie,
Que les flics, les curés, les fonctionnaires pourris.
Mais
le juge dit : Ravachol, on a trop discuté,
Tu n'as plus la parole, maint'nant on va trancher !
Devant la guillotine, il cita, ben voyons,
Le camarade Bakounine et l'camarade Proudhon :
Si tu
veux être heureux, pends ton propriétaire,
Coupe les curés en deux, tue les p'tits fonctionnaires !
Son exemple fut suivi quelques années plus tard
Par Emile Henry, autre ennemi du pouvoir.
Camarade qui veux lutter autour du drapeau noir,
Drapeau d'la liberté, drapeau de l'espoir,
Rejoins le combat du groupe Ravachol
Et n'oublie surtout pas qu'la propriété, c'est l'vol !
Il s'app'lait
Ravachol, c'était un anarchiste
Qu'avait des idées pas si folles, des idées terroristes.
J'ai pas inventé l'eau tiède
Ni la machine à cintrer
Les bananes,
Alors forcément ça aide
Pour te r'trouver attifé
D'une soutane,
Une cagoule du Ku-Klux-Klan
Sur ta tête toute pleine de vent,
Tu t'distingues
En faisant brûler d'l'encens
Dans une cave avec des glands
Frapadingues !
Fallait pas ?
Ben ouais, j'suis comme ça:
J'veux un Jésus, un Krishna,
Pour m'éviter les faux-pas...
Fallait pas ?
Ben ouais, mais j'ai pas l'choix:
J'veux un messie, un gourou,
Pour me protéger des coups !
Et ben quoi ?
T'as ton patron, ton p'tit chef,
Ta belle-mère, ton percepteur,
Sur le dos,
T'as Jésus, Marie, Joseph
Au d'ssus d'ton téléviseur
En photo,
Chacun sa croix, sa bannière,
Chacun son Dieu ou son maître,
Son Zorro,
Moi j'ai trouvé d'la lumière
Chez les allumés d'une secte
De barjots !
Fallait pas ?
Ben ouais, j'suis comme ça:
J'veux un Jésus, un Krishna,
Pour m'éviter les faux-pas...
Fallait pas ?
Ben ouais, mais j'suis comme ça:
J'veux un messie, un gourou,
Pour me protéger des coups !
Et ben quoi ?
Je voyage sans valise
Sur les chemins d'la conscience
Du Grand Prêtre,
'Veut foutre le feu à l'église
Me d'mande d'lui trouver d'l'essence,
Des allumettes,
'Veut carboniser ses ouailles
Et s'débiner, j'imagine,
Aussi sec,
J'vais lui coller une mandale,
Lui faire passer l'goût du crime
A ce pauvr'mec !
Fallait pas ?
T'as raison, mon p'tit gars !
J'veux plus plus d'Jésus, plus d'Krishna
Et j'vais arrêter l'yoga !
Fallait pas !
En fait t'as toujours le choix !
J'veux plus d'messie, plus d'gourou,
Pour me protéger des coups
J'ai mes p'tits bras !
T'as raison mon p'tit gars !
J'veux plus d'Jésus, plus d'Krishna,
Et tant pis pour mon karma !
Fallait pas !
En fait t'as toujours le choix !
J'veux plus d'messie, plus d'gourou,
Pour me protéger des coups
J'ai mes p'tits bras !
Je v’nais de manifester au quartier J’arrive chez moi fatigué, épuisé Mon père me dit « bonsoir fiston Comment ça va ? » J’ui répond « ta gueule sale con Ca te regarde pas » Et j’ui ai dit « crève salope » Et j’ui ai dit « crève charogne » Et j’ui ai dit « crève poubelle » Vlan ! Une beigne ! Le lendemain comme tous les jours j’vais au lycée Je rencontre dans la cour mon prof d’anglais Elle me dit « bonjour jeune homme Comment ça va ? » J’ui répond « ta gueule sale conne Ça te regarde pas » Et j’ui ai dit « crève salope » Et j’ui ai dit « crève charogne » Et j’ui ai dit « crève poubelle » Vlan ! Une beigne ! Le proviseur m’a convoqué le lendemain Dans son cabinet privé pour un entretien Il m’dit « essuyez vos pieds avant d’entrer » J’ui dit « écoute mon pote tu me laisses causer » Et j’ui ai dit « crève salope » Et j’ui ai dit « crève charogne » Et j’ui ai dit « crève fumier » Vlan ! Viré ! Je me suis retrouvé dans la rue, abandonné J’étais complètement perdu, désespéré Un flic me voit et me dit « qu’est ce tu fous ici ? A l’heure qu’il est tu devrais être au lycée Et j’ui ai dit « crève salope » Et j’ui ai dit « crève charogne » Et j’ui ai dit « crève fumier » Vlan ! Bouclé ! Je me suis retrouvé enfermé à la Santé Puis j’ai été condamné à être guillotiné Le jour de mon exécution j’ai eu droit au cureton Il me dit « repentez vous mon frère dans une dernière prière Et j’ui ai dit « crève salope » Et j’ui ai dit « crève charogne » Et j’ui ai dit « crève fumier » Vlan ! Ils ont tranché !
Le loto national N’enrichie que les voisins Sinon c’est Germinal Dans le métro parisien Y a des drogués pleins de poils Qui taxent du fric tout le temps C’est écrit dans le journal Et je le sais : je dors dedans Je paye un loyer de 10 balles Dans une consigne de gare Je me douche municipale Avec des types bizarres J’ai même chopé la gale Ca se fait plus depuis longtemps C’est écrit dans le journal Et je le sais : je dors dedans Je dors à la belle étoile Entre Etoile et Nation Dans un train qui dévoile Paris et ses constellations Les lunes de Buzenval, Le chien de Ménilmontant, La Grande Ourse de Pigalle, Je la connaît : je dors dedans Des Safranes bleues métal Promènent des présidents Et des Princesses de Galles Qui parait-il chialent tout le temps L’Europe des crève-la-dalle Se fait lentement mais sûrement Dans le trou de Chatelets-les-halles Et je le sais : je dors dedans